Document publié en 1976 par Mr Raymond Brothier, 16700 Ruffec  (C)

Les émissions "pirates" de Radio Nanteuil-en-Vallée
Extraits de Presse (1)

LA FRANCE (Nouvelle République) de Bordeaux, du lundi 21 mai 1962, en 1ère page avec photo
   

 
Deux fois par semaine, les habitants d’un village charentais étaient à l’écoute de Radio-Nanteuil-en-Vallée. L’auteur de l’émission va comparaître devant le Tribunal d’Angoulême. -
 
Ruffec (de notre correspondant). - "Vous êtes à l’écoute de Radio-Nanteuil- en-Vallée qui diffuse, sur les antennes 251 mètres, les airs joyeux que vous aimez". Et la sympathique voix du speaker continuait: "Vous méritez bien cela après une laborieuse journée". Tous les mercredi et samedi de chaque semaine, depuis quelques mois, les auditeurs pouvaient écouter l’émission que faisait M. Raymond Brothier, radio.
 
La passion de la radio

 
Dès sept ans, M. Brothier avait la passion de la TSF. Une idée ne le lâchait pas faire de l’émission.
Après plusieurs essais, il construisit lui-même un émetteur et il se décida, pour se distraire, à organiser une émission. Et c’est ainsi que M. Brothier, qui est membre du R.E.F., association groupant tous les amateurs-émetteurs, commença son émission sur les 251 mètres. Radio-Nanteuil-en-Vallée était née.
Tous les mercredis et samedis, de 18h à 23h, le poste émettait et, toutes les cinq minutes, on pouvait entendre: "Au cas où nous troublerions l’écoute de certains auditeurs, nous les prions de nous en faire part".
Puis, M. Brothier fit connaître son intention d’interrompre ses émissions, mais ses auditeurs surent lui rappeler qu'ils ne l’entendaient pas de la sorte et, fort de cet encouragement, Radio-Nanteuil continua régulièrement.
 
L’indicatif "Ibérica" se faisait entendre à heures fixes et le poste émettait une chanson, un air de danse, demandé par des auditeurs, qui étaient passés bénévolement, comme tout ce qui concernait l’émission. Des jeunes filles de la localité venaient même chanter et ces radio-crochets étaient très goûtés.
En somme, la population était heureuse de sa Radio et n’en manquait pas l'écoute. Mais tout a une fin.
 
Des inspecteurs restèrent plusieurs jours à Nanteuil et, à l’aide d’un transistor, enregistrèrent sur bande magnétique les émissions illégales. Et un beau soir, alors qu'il était en pleine émission, M. Brothier reçut la visite des agents de la R.T.F. Ce fut la fin et, tristement, avant que les appareils ne soient mis sous scellés, M. Brothier annonça à ses auditeurs la triste nouvelle: Radio-Nanteuil-en-Vallée ne se fera plus entendre.
Ce fut la stupeur car on avait pris goût à cette distraction inoffensive et il manquait, désormais, quelque chose.
Beaucoup n’ont pas hésité à signer une pétition pour que M. Brothier, qui n’avait jamais pensé avoir des ennuis, ne soit pas inquiété. Les témoignages sont à peu près tous les mêmes.
 
Pour M. Fillon, maire de Nanteuil-en-Vallée, c’était une distraction pour tout le monde qui était attendue, avec impatience, chaque mercredi et samedi. Il souhaite que l’affaire ait une fin heureuse, car jamais M. Brothier n’a monté son émission dans un but lucratif.
 
L’affaire va donc passer le 30 mai, au Tribunal d’Angoulême et on entendra peut-être une dernière fois: "Ici Radio-Nanteuil-en-Vallée", si les bandes magnétiques viennent témoigner devant une assistance qui n’en demandera pas tant.
 
J.VERGNAUD.
 
 

 
 
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